mardi 5 novembre 2013

MALAVITA

Bonjour Paris, Luxembourg, Bruxelles, Montréal. Nous sommes le mardi 5 novembre 2013, il est 16h12 en GMT+1 et vous êtes tranquillement branchés sur internet à l'heure où je vous parle.
Du moins, je pense.


Malavita est le quinzième film du réalisateur français surcoté aux Etats-Unis, Luc Besson. Bien sûr, si vous avez suivi la filmographie du bonhomme on ne va pas se cacher que ça va de mal en pis, pour la simple et bonne raison que l'esthétique visionnaire de Léon, Nikita ou encore Le Cinquième Elément est totalement dépassé aujourd'hui. L'homme, surtout devenu aujourd'hui producteur exécutif de désastres du cinéma français (tels que Taxi ou les Le Transporteur) avec sa société EuropaCorp qui flaire assez souvent les billets verts plutôt que le film réussi, revient cette année pour inaugurer sa nouvelle école de cinéma (La Cité du Cinéma) entouré d'un casting dantesque (les vétérans respectables Michelle Pfeiffer, Robert de Niro et Tommy Lee Jones) venu faire un tour en Normandie pour tenter d'échapper à la mafia; et un producteur exécutif qui n'est autre que Martin Scorsese. Plutôt sympathique sur le papier, d'autant plus que l'ouvrage s'en inspirant est apparemment très bon...



Réalisé par: Luc BESSON
Scénario: Luc BESSON
Avec: Robert DE NIRO, Michelle PFEIFFER, Tommy LEE JONES, Dianna AGRON...
Durée:1h50
Sortie française en salles: le 23 octobre 2013

L'HISTOIRE: Giovanni Manzoni est un ancien mafieux de Brooklyn, en cavale pour avoir dénoncé sa bande aux flics. Après quelques séjours infructueux dans le Sud, c'est dans le Nord de la France (en Normandie précisément) qu'il souhaite enfin mener une vie paisible avec sa femme, ses deux enfants et son chien Malavita. Mais les ennuis rôdent toujours...




Besson décidément a le chic pour proposer du divertissement pas divertissant du tout. Son film a tellement de défauts apparents qu'on est surpris par tant de nullité dès les premiers dialogues. Tout ou presque est extrêmement mauvais. L'exemple le plus précis serait sans doute le point humour du long, voulant se baser sur le choc des frontières. Alors, tel un char d'assaut roulant sur l'autoroute à quatre étoiles dans GTA V, le réalisateur descend en flèche la population française, la rendant hautaine, mangeant du camembert et de la baguette alors que les américains préfèrent le beurre de cacahuète (qui n'existe pas en France selon Besson...) et les hamburgers. Les français restent cloîtrés en famille, mangeant paisiblement; les américains font des barbecues et amènent partout où ils passent la convivialité. Chapeau l'artiste.

Deuxième chose particulièrement affreuse, le doublage. Oui, bon, j'ai vu le film en VF (pas de suicide au cyanure s'il vous plaît...) mais pourquoi Besson n'a-t-il pas voulu jouer la carte de la barrière de la langue au lieu de s'enfoncer dans les clichés grotesques hexagonaux? Julie Delpy dans sa saga 2 Days... l'avait compris, elle jouait sur les défauts anglophones de sa famille pour amener une touche un peu décalé à la chose. Ici, tout le monde parle anglais parfaitement, sans problème. Etrange. 

Ensuite, voilà comment la jeunesse française est en 1996 selon Besson: chemises qui pètent, losers ou complètement cons, pervers, et avec des boutons. Soit, pour les boutons j'aurais pu passer l'éponge, mais dites au maquilleur que les boutons sur les visages des adolescents ne sont pas tous placés au même endroit. Un vrai raccord s'impose. Côme Levin, que j'adore en jeune bègue dans Radiostars, ne marque en aucun cas des points dans Malavita, tout d'abord parce que la synchronisation des voix n'a pas le mérite d'être correcte, et en plus parce qu'il n'attire aucun rire. Même quand Dianna Agron se rebelle de façon assez indélicate, on ne sourit pas. On se contente juste d'être stupéfaits par tant de pauvreté esthétique et scénaristique, la caméra n'étant jamais mobile au bon moment pour dégager un côté un peu "cartoon" lors des scènes de bagarre inattendues. Même les scènes de sexe sont filmés avec un côté bourrin. Autant la dernière est plutôt bien maîtrisée car elle colle à l'ambiance assez sordide du twist; autant dans la première, le côté bulldozer en rute n'était pas forcément obligatoire...

On pourrait aussi parler des performances grandioses de ces acteurs venus pour montrer qu'ils peuvent encore tenir debout sur un plateau. Robert De Niro par exemple: on dirait que pendant les deux heures de long-métrage il nous présente la nouvelle édition remasterisée de films cultes tels que Les Affranchis de Scorsese (maintenant on sait pourquoi il est le producteur exécutif) ou Les Incorruptibles de De Palma (identifiable avec la scène de la batte de base-ball). Michelle Pfeiffer cabotine à vide, ne sert pas à grand-chose et montre qu'on a peut-être perdu pour de bon le talent de l'interprète des Liaisons Dangereuses. Seuls Dianna Agron, vue dans Glee, et John D'Leo s'en sortent par intermittence, surtout grâce aux deux scènes dans le réfectoire, car leurs discussions ont le mérite d'être assez saugrenues pour nous esquisser un sourire qu'on n'aurait su retrouver autrement qu'en voyant le générique de fin débouler. Tommy Lee Jones, fidèle à lui-même, fait du Tommy Lee Jones. Le scénario derrière les blagues (oui, il y en a un) est confus, perd le spectateur et plonge ses acteurs dans la caricature grossière en lieu et place d'un hommage que le réalisateur aurait sans doute voulu instaurer. Les scènes finales se terminent en mode Besson, c'est-à-dire sans véritable fin et sans répondre à la question initiale posée. On a juste vu un film nase, pataud et sans intérêt cinématographique ou divertissant.



Voilà ce qu'on peut dire sur la famille Manzoni. Décidément, Besson rajoute une pierre à son palmarès post-années 2000 calamiteux. Je me demande encore comment les acteurs ont-ils pu accepter de jouer dans ce film qui n'a même pas le courage d'aller plus loin que la linéarité, évidente dès la première demie-heure passée, que Besson s'est fixée. A oublier très vite pour tout le monde.



Note: 1.5/10

En bonus, une parodie des films Bessoniens par Mozinor:


samedi 2 novembre 2013

PLANES

Bonjour Paris, Luxembourg, Bruxelles, Montréal. Nous sommes le samedi 2 novembre 2013, il est 13h18 en GMT+1 et vous êtes tranquillement branchés sur internet à l'heure où je vous parle. 
Du moins, je pense.

Planes, c'est le nouveau joujou des studios Disney tout droit sorti de l'univers de Cars. Avec ce spin-off, réalisé par le novice Klay Hall (qui n'a qu'un Direct-to-DVD sur La Fée Clochette à son actif), la franchise au château-fort magique a réuni plus de 1.2 million de spectateurs en France et, dans le monde, a réussi à dépasser le budget du film qui fut de 50 millions $! Comme toute grosse boîte de production qui se respecte, Planes aura déjà le droit à sa suite avec le même casting vocal aux commandes normalement, tout comme Hall qui fut confirmé au poste de réalisateur. Alors, qu'en est-il vraiment de ces aventures de l'avion supersonique qui a le vertige?



Réalisé par Klay HALL
Scénario: John LASSETER, Klay HALL, Jeffrey M. HOWARD
Avec les voix US de Dane COOK, Teri HATCHER, Cedric THE ENTERTAINER, Val KILMER...
Durée: 1h32
Sortie française en salles: 9 octobre 2013

L'HISTOIRE: Dusty Crophopper est un épandeur qui étend chaque jour de l'engrais sur les mêmes champs. Mais Dusty a un rêve: celui de concourir avec les plus grands, de voler autour du monde pour être l'avion le plus rapide du monde! Mais comment faire si on est épandeur... Et qu'on a le vertige?




Ce qu'on est sûrs avant même de commencer le film, c'est que Disney n'a pas du faire ce film pour le plaisir de faire des bons films qui réunissent la famille, mais d'accumuler gentiment et sûrement les billets verts. Parce que c'est quoi Planes? Ce sont les voitures de Cars, avec des avions modélisés comme les voitures de Cars. Tout est dit. Le film ne regorge d'aucune originalité, ne présente rien de franchement nouveau  même dans la construction des personnages (Flash McQueen remplacé par Dusty Crophopper; Martin devient El Chupacabra).

L'intrigue est tout bonnement moisie, ne souffre d'aucun rebondissement, est cousue de fil blanc du début à la fin. Les scénaristes ont voulu aussi se montrer très professionnels, utilisant des termes très techniques pour impressionner l'enfant et lui montrer à quel point c'est compliqué mais aussi fascinant de faire ce métier. Tout cela déjà tue à coups de pelle tout l'esprit enfantin de Disney en quelques minutes, mais en plus si on veut être technique il est un peu étrange d'utiliser le mot "écrabouiller". Ca montre toutes les faiblesses en un tour de main. Tadaaaa c'est génial!

L'enjeu du film, lui par contre est différent de Cars. Même si le fait de participer à un championnat du monde avec les meilleurs pilotes fait un peu penser à l'idée première de Cars 2, ici la vantardise n'est pas le point central de la morale de fin de film. Non, Disney, comme tous ses films depuis le début de l'année et ses Mondes de Ralph, joue à fond la carte du problème identitaire et de la tolérance. Bien sûr, tout film d'animation aujourd'hui s'appuie sur cette morale parce que c'est ce qui fait l'actualité. Turbo, le dernier animé de DreamWorks (assez décevant aussi), s'appuie sur ça aussi sur fond de courses également. Mais dans Turbo, la différence est que les studios ont fait en sorte que le "méchant" soit charismatique et empli d'humour. Dans Planes, c'est bien simple, il n'y a pas de méchant! Ou alors il n'est que sous-employé! Ripslinger, l'avion prétentieux, est grotesque, sans âme et n'est que rarement utilisé, alors on a l'impression de vivre dans un rose bonbon permanent où il est impossible de prétendre à un quelconque retournement de situation. Mais le plus étonnant, accrochez-vous bien, est que derrière le scénario se cache John Lasseter, l''homme qui avait écrit les trois premiers Toy Story et qui avait eu le mérite de révolutionner le cinéma d'animation! Sortez les défibrillateurs, car je sais que ça fait mal d'entendre ce que je viens de dire.

Statu quo pour le gentil avion, sans véritable atout charme, qui est ennuyeux et qui ne provoque aucun rire. En même temps, quand on retrouve Dane Cook, l'homme qui bouge sans arrêt dans Charlie les filles lui disent merci à la voix désagréable, pas étonnant... Épaulé par des voitures (Ding dong! C'est logique!) et un avion anciennement aux ordres de l'armée au lourd secret, on a le droit à des dialogues sans saveur, où il n'existe aucun éclat de rire ou aucune idée qui puisse nous redonner quelque espoir de sauver le film. Non, en plus le film enchaîne les clichés (le raffiné anglais, le mexicain tout lisse qui n'a pas de charme et qui se cache derrière son masque de Lucha Libre, les américains ont des noms assez normaux au contraire des autres avions à la nationalité différentes qui sont stigmatisés à fond la caisse) et accumule les morales de plus en plus exécrables, se terminant dans un final où tout est déclaré haut et fort, histoire qu'on termine le film avec un goût encore plus amer dans la bouche.


L'humour du film aussi est assez étrange, quitte à se demander s'il y en a vraiment un. Je n'ai pas souri une seule fois devant Planes. Le film préfère axer son rire pour les petits mormons de 3/7 ans mais au regard de la salle il s'avère que c'est aussi rater. Pour élargir le public Disney propose également quelques pics de sarcasme qui sont incompréhensibles pour les enfants (sans doute pour montrer qu'on pense aussi -un peu- aux adultes qui dorment déjà), mais affirmer un message de tolérance en rigolant de la taille des nains je ne suis pas sûr que ce soit vraiment plaisant. L'animation, fade, n'a comme seul point positif une seule scène où l'avion militaire commence à reprendre son vol, car la musique derrière et la façon dont elle est présentée regorge d'une magie qu'on croyait entièrement perdue des studios. En clair, il n'y a rien de bien et on tire rapidement la sonnette d'alarme aux studios Disney. 



Voilà ce qu'on peut dire des n'avions de Disney. Tout fout le camp aux pays des copains ailés, il n'y a rien de plaisant et l'ennui installé inconsciemment dès le départ a le mérite de ne pas descendre. 1h30 à voir des avions volés je jure que c'est aussi triste que se passer Stromae en boucle toute une journée. Voilà comment j'ai contribué à l'arnaque commerciale la plus grossière de l'histoire de la franchise en terme d'animation. A quand Boats maintenant?



Note: 1/10